À l’occasion d’une collaboration avec le Collectif Jeune Cinéma, coopérative de cinéastes distribuant et diffusant des films différents et expérimentaux, les DSAA ont étudié un corpus de films expérimentaux et de textes théoriques sur la pratique du cinéma.

Ils ont ensuite réalisé par groupe, en écho à leurs lectures, une série de vidéos expérimentales ainsi que des textes prolongeant leur réflexion pratique. L’ensemble de leur travail a été rassemblé dans un fanzine retraçant l’esprit de chaque projet.

PAR L’EMBRASURE
Kethleen Maret Mercier, Lila Gabriel

À la manière de l’Oulipo, nous nous sommes donné des contraintes… Tout part de l’ouvrage Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau, dans lequel il offre au lecteur un instrument permettant de combiner des vers de façon à composer un poème. Notre film s’inscrit comme un renouvellement filmique de l’expérience littéraire de Queneau. L’ouvrage de Queneau étant impossible à lire en intégralité, même en un million d’années, nous avons choisi de le condenser en un film de quelques minutes, le rendant, cette fois-ci impossible à écouter.

À la façon d’un casse-tête, le spectateur doit décider vers où il oriente son regard, sur quel écran il se concentre, faisant ainsi son propre montage du film.

FABRIQUER L’AMOUR
Lucie Lemaitre, Claire Ménard

“Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs”, Jean-Luc Godard

La vie fantasmée représentée au cinéma est un aspect que nous avons décidé de creuser dans notre fanzine et notre vidéo. Nous nous appuyons particulièrement sur la fiction amoureuse, représentation par excellence de romances incroyables. Représente-elle le réel ou est-elle seulement l’objet de nos fantasmes ?

DE LOIN
Alissar Laïka, Élise Letort

De loin est une vidéo expérimentale qui essaye de décortiquer la notion d’attention et de distance afin de briser ce qu’on appelle « la loi de proximité ». Cette loi, présente dans la plupart des médias, consiste à donner plus de visibilité aux nouvelles et aux scandales se produisant à proximité. Ainsi notre attention est beaucoup plus portée sur des choses proches de nous physiquement mais également sentimentalement. Les informations reçues en habitant en Occident nous dirigent vers des sujets qui s’y limitent. À travers cette vidéo, nous tentons de contrer cette loi en questionnant l’étendue de ce qui est considéré loin et ce qui est “digne” de notre attention. 

CYCLE
Guillaume Fraud, Manon Six

Tourner en boucle et revenir à son état de départ. On a une sensation de déjà vu, on prend conscience de la boucle. Mais peut-on faire évoluer une boucle ? Au premier abord, c’est assez contre-intuitif, car, par définition, une boucle se répète à l’identique. Alors comment conserver l’essence d’une boucle tout en la faisant évoluer ?

ALIAS
Léo Susansa, Zoé Porcaro

Un voyage long, quotidien et répété. Cette sensation monotone contraste avec un univers graphique qui s’étend petit à petit, prolifère sur la pellicule jusqu’à l’imprégner, instaurant une transition entre l’existant et l’imaginaire qui devient matière. Un contraste visuel né entre un monde terne filmé et une psychologie colorée ébauchée.

SLEEP INTO THE VOID
Lison Jeannerod, Omayma Khalifa

Le lieu est inchangé. Le lit, la chambre, identique.

En parallèle, le sommeil. Léger, paradoxal ou encore profond. On s’y perd, la chute nous transporte, tout repère nous échappe. Et on recommence, chaque soir, le labyrinthe du sommeil nous emporte. L’esprit s’évade de son enveloppe physique, qui elle reste statique, sans aucune résistance. Le sommeil et le subconscient évoluent ensemble tout en restant au même endroit.

RÉFLEXION
Moëra Guillois, Corentin Faynel

Y a-t-il une distance entre l’original et son reflet, entre l’initial et sa reproduction ? Une copie souvent nous trompe et nous surprend, c’est ce principe que notre démarche interroge. La réalité et l’imitation, une fois superposées dans nos créations, forment une unité difficilement reconnaissable.

ESPACE D’UN INSTANT
Zoé Quénéhervé, Cléo Passeron

L’espace est souvent utilisé comme décor. Il est rare que l’on abandonne les personnages d’un film pour s’intéresser à ce qui les entoure, que l’on attire l’œil du spectateur sur un paysage. Surtout que le public souhaite un rythme de plus en plus rapide (en cinquante ans, la durée moyenne d’un plan a été divisée par deux, de dix à cinq secondes environ). L’environnement spatial à la fois englobant et modifiable par les personnages reste hors-champ, délaissé en faveur du récit.